En 1953, Maurice Jarre quitte France et Jean-Michel pour aller s'installer aux Etats-Unis. Il n'aura donc qu'une influence très lointaine sur l'éducation musicale de son fils. Très vite pourtant, Jean-Michel s'assoit devant un piano et fait ses gammes : c'est le début de ses études musicales. Son premier professeur ne lui donne pas le goût de la musique mais il lui suffira d'en changer pour arranger cela. Il poursuivra donc ses études musicales parallèlement à sa scolarité. Le 24 août 1958, sa mère l'amène au « Chat qui pêche », un club de jazz tenu par une amie de sa mère : Jean-Michel fête son dixième anniversaire en musique, entouré par des géants du jazz tels que Chet Baker, Don Cherry et John Coltrane qui jouent spécialement pour lui à cette occasion.
Dans les années 60, Jean-Michel va aussi découvrir le monde du rock grâce à ses premiers 45 tours : Ray Charles, Elvis Presley, les Shadows... Et après avoir vu un concert de Dany Logan et les Pirates à la foire de Paris, il n'a qu'une idée en tête : créer un groupe de rock. Ce sera « Les Mystères IV ». Jean-Michel vend alors son train électrique à l'Hôtel Drouot pour pouvoir s'acheter une guitare Klire et un magnétophone.
Jean-Michel passe sa jeunesse entre Lyon et Paris. Il vit avec sa mère
dans un deux-pièces à Issy Les Moulineaux. Celle-ci tient
un stand aux Puces. Jean-Michel entre au lycée Michelet à
Vanves. Parallèlement, il se prend de passion pour la peinture abstraite
lyrique. Des gens comme Soulages et Hartung l'inspirent suffisamment pour
lui donner envie de faire des toiles qu'il exposera dans quelques galeries.
Même s'il n'en fera pas une carrière, il gardera toujours
cette passion de l'image et de l'art pictural.
Mais la musique est toujours présente puisqu'il est guitariste et
chanteur de son nouveau groupe de rock, les « Dustbins », qui
participera au tournage du film Des garçons et des filles d'Etienne
Périer (1968). Jean-Michel commence à trafiquer des sons
sur son magnéto. Il sent qu'il a à sa portée tout
un domaine d'expérimentation mais il consolide pour l'instant ses
connaissances musicales en travaillant l'harmonie avec Jeanine Rueff au
Conservatoire de Paris.
Après l'obtention d'un baccalauréat de sciences expérimentales à l'âge de 16 ans, Jean-Michel s'engage dans des études variées : sciences éco, sciences po, puis licence de lettres. Il s'intéresse à l'anglais, au droit, à la chimie, au cinéma... Il ne finira que sa licence de lettres, avec une thèse de littérature comparée sur le Faust de Goethe et celui de Berlioz.
1968, année
de la révolte étudiante, sera pour Jean-Michel celle de la
rencontre de Pierre Schaeffer, le maître fondateur de la musique
concrète. Il rejoint le très avant-gardiste G.R.M. (Groupe
de Recherche Musicale) en janvier 1969.
Le groupe rassemble des musiciens et des chercheurs de tous horizons pour
l'exploration de nouvelles voies musicales. Jean-Michel y découvre
la musique électro-acoustique et s'initie à diverses techniques,
en particulier celles du montage de bandes magnétiques (collage
d'échantillons) et de la synthèse électronique. Dès
lors, Jean-Michel se passionne pour cet aspect « artisanal »
et considère le travail sur le son comme un élément
fondateur de la création musicale.
Il réalise les bruitages électroniques du groupe pop Triangle. Choisi pour écrire la bande son d'un ballet pour la réouverture de l'Opéra de Paris, Jean-Michel réussit à y faire entrer la musique électronique, révolutionnaire pour l'époque dans une institution traditionnellement classique. Le ballet, dénommé AOR, recevra des avis très partagés mais ne laissera pas le public indifférent. Pendant ce temps, le disque La Cage est mis en vente. Pathé Marconi accepte de le diffuser mais détruira le stock devant l'insuccès commercial : seulement 117 exemplaires ont été vendus.
En 1972, c'est la rencontre avec Francis Dreyfus, producteur musical indépendant. Pourtant réticent au départ à la musique électronique, l'homme est très vite séduit par la volonté et le talent du jeune artiste qui dépasse largement celle d'un simple compositeur de musique d'avant-garde. Ainsi, Jean Michel Jarre se retrouve à écrire les paroles de chansons pour le chanteur Christophe.
Parallèlement, il continue à composer plusieurs pièces
musicales. Un certain nombre sont regroupées par une compagnie américaine
sous le titre Deserted Palace. Cet album sort aux Etats-Unis, mais
garde une très forte dimension expérimentale : il s'agit
d'un ensemble de morceaux de styles très divers destiné à
servir de fond sonore pour les médias. Jean-Michel y trouve l'occasion
d'explorer un peu plus les possibilités du synthétiseur et
de démontrer la diversité de son expression musicale. Dans
la foulée, il compose la musique du film Les Granges Brûlées
de Jean Chapot avec Alain Delon et Simone Signoret.
Il réalise aussi quelques expériences avec le chanteur Samuel Hobo : Freedom Day, Synthetic Man, et surtout Zig Zag Dance qui représente sans doute son premier succès commercial. Il « remixe » aussi le tube Pop Corn, crée Hypnose, un « slow » avec l'hypnotiseur Dominique Webb, puis un peu plus tard, les titres Cartolina, Helza. Jean-Michel réalise aussi quelques musiques pour la publicité.
Mais la reconnaissance vient surtout de son activité de parolier. La chanson Les Mots Bleus qu'il écrit pour Christophe est un énorme succès en 1974. Les années qui suivent sont donc principalement dédiées à la chanson. Il travaille tour à tour comme parolier, compositeur et producteur pour Françoise Hardy, Gérard Lenorman, et surtout Patrick Juvet avec lequel il signera de nombreuses chansons : Où sont les femmes ? connaîtra un succès international en 1977.
Mais en 1974, Jean Michel Jarre fait aussi la rencontre de Michel Geiss qui deviendra l'un de ses plus fidèles collaborateurs. C'est à cette époque que naît le projet d'un nouvel album de musique électronique. Jean-Michel sent qu'il a alors les moyens artistiques, techniques, financiers et relationnels pour le faire aboutir...
En 1976, Francis
Dreyfus prend le risque de diriger la diffusion de la nouvelle œuvre de
Jean Michel Jarre. Très vite, une bouffée d'Oxygène
envahit les ondes françaises puis internationales, occupant les
premières places des hit-parades les plus prestigieux pendant un
bon moment. De nos jours, Oxygène reste le record de la meilleure
vente dans l'industrie discographique française (12 millions d'exemplaires).
Jean Michel Jarre, devenu mondialement célèbre, fait découvrir
au public une nouvelle conception musicale : celle de la musique électronique
et instrumentale dont la profondeur est basée sur la recherche sonore,
aux multiples amplitudes, à la fois moderne par son innovation et
aérienne par la fluidité de son harmonie, une véritable
invitation au rêve, au voyage, à l'évasion.
Jean Michel Jarre reçoit le « Grand Prix de la Musique », de l'Académie Charles Cross. En 1977, le compositeur est désigné comme personnalité de l'année par le magazine américain « People ». En janvier 1978, Jean-Michel commence l'enregistrement d'Equinoxe, qui sera terminé en août. Avec un succès équivalent à Oxygène, cet album s'inscrit dans la lignée du premier mais accorde plus d'importance aux rythmiques et aux séquences, sur un thème plus organique et aquatique. Cette musique marque la première utilisation d'un nouvel instrument créé par Michel Geiss : le Matriséquenceur, un séquenceur aux possibilités jusqu'alors inconnues.
Oxygène et Equinoxe serviront de base à la musique du film La Maladie de Hambourg de Peter Fleischman. Le 7 octobre 1978, Jean-Michel se marie avec l'actrice anglaise Charlotte Rampling qu'il a rencontrée en 1976. Pendant les années qui suivront, elle le soutiendra dans son travail et le suivra dans ses concerts à travers l'œil d'un objectif.
L'année suivante, en 1979, c'est la première expérience « live » de Jean Michel Jarre. Le 14 juillet, un million de spectateurs se sont réunis sur la Place de la Concorde et l'Avenue des Champs Elysées pour acclamer le nouveau prodige, d'ailleurs très étonné et même un peu effrayé devant cette foule impressionnante pour un concert qui se voulait expérimental. Le spectacle, retransmis en direct en Eurovision, cherche à donner une correspondance visuelle au discours musical : jeux de lumières, lasers, feux d'artifice, images géantes et autres effets très spéciaux viennent illustrer une musique révolutionnaire.
Ce concert marque la consécration de Jean Michel Jarre. Il a désormais sa place dans le Livre des Records et la SACEM lui délivre une médaille d'or pour avoir contribué au rayonnement et à la diffusion de la culture française à travers le monde. Oxygène est également présenté en ballet à l'Opéra de Paris, et des extraits de ce même album sont utilisés dans le film Gallipoli de Peter Wier avec Mel Gibson.
Il faudra attendre 1981
pour voir arriver Les Chants Magnétiques, son troisième album.
On y découvre de très nombreux effets électroniques
et une excellente composition séquencée qui dégage
une atmosphère électrique qui tranche avec Oxygène
et Equinoxe. L'artiste utilise aussi pour la première fois
le Fairlight, premier échantillonneur numérique, véritable
station de travail musical, la formule 1 des synthétiseurs.
Depuis 1979, Jean-Michel négocie un projet de concert en Chine. Il devient membre honoraire du conservatoire de Pékin. Après de longues tractations, Jean-Michel réussit à percer les frontières chinoises et à recevoir l'autorisation officielle du gouvernement chinois pour une tournée. En octobre 1981, une équipe d'une soixantaine de personnes part vers la Chine, emportant 15 tonnes de matériel.
Cinq concerts seront donnés, à Pékin et à Shanghai : Jean Michel Jarre deviendra ainsi le premier musicien occidental à se produire en Chine communiste. La rencontre entre le peuple chinois, le meilleur de la technologie de l'époque et la musique exceptionnelle de Jean-Michel sera des plus poignants. En mai 1982, le double album Concerts en Chine est mis en vente. Il immortalise l'ambiance de la tournée. On y découvre une brochette de compositions inédites et l'alliance des instruments traditionnels chinois avec les synthétiseurs.
6 Juillet 1983 : l'album Musique pour Supermarché, pressé à un seul exemplaire, est vendu aux enchères à l'Hôtel Drouot pour une valeur de 69 000 francs, somme destinée à aider de jeunes artistes. Juste après la vente, l'album est diffusé à la radio et Jean Michel Jarre lance un « piratez-moi ! » qui finit d'exaspérer l'industrie du disque... Il veut mettre l'accent sur la banalisation du disque comme objet de consommation qui s'oppose au caractère unique de la création artistique. Un geste provocateur en forme d'avertissement aux circuits commerciaux traditionnels...
En 1984, l'album Zoolook est en vente... dans les supermarchés ! Cet album, peut-être d'un accès plus difficile que les précédents est une sorte d'opéra électronique qui introduit des voix et des paroles de différents dialectes, échantillonnées et transformées grâce au Fairlight, utilisées comme de véritables timbres d'instruments. L'enregistrement, réalisé dans un Studio de New York, a réuni de nombreux musiciens tels que Laurie Anderson, Marcus Miller, Adrian Belew... D'inspiration ethnique, mêlant les ambiances rock et insolites, cette musique est un chef d'œuvre qui démontre toutes les possibilités de l'échantillonnage tout en proposant un univers sonore à la fois vieux comme le monde et résolument novateur.
Jean-Michel reçoit de nombreuses distinctions pour cet album, en particulier les premières Victoires de la Musique pour le meilleur album instrumental. Enfin, Jean-Michel repart au Japon pour une autre visite promotionnelle, et s'envole ensuite pour l'Australie où il est invité par le chef des Aborigènes afin de se rendre sur le site d'Ayers Rock.
1986 est pour
Jean Michel Jarre une année forte en émotion. A l'affiche
: un album et deux concerts au retentissement exceptionnel.
Le 5 avril, toute
la ville de Houston se voit illuminée de mille feux, par le maître
de la musique électronique, devant un million et demi de Texans.
Jean-Michel donne ce concert à l'occasion des 150 ans de la ville
et des 25 ans de la NASA. Feux d'artifices surprenants, projections d'images
gigantesques, harpe laser font de ce spectacle le plus ambitieux jamais
réalisé. Le public est conquis, comme en témoigne
les embouteillages autour du site !
Les Américains ont pu découvrir le nouvel album Rendez-Vous, grandiose et spatial. C'est peut-être l'album qui a la plus forte dimension classique, offrant une musique surprenante, profonde et émouvante, comme une grande symphonie électronique. C'est l'astronaute Ron Mc Nair qui aurait dû enregistrer en orbite la partie au saxophone mais la navette Challenger a explosé au décollage, empêchant ce premier enregistrement musical de l'espace et transformant le concert de Houston en gigantesque hommage aux astronautes de la conquête spatiale.
Le 5 octobre, Jarre donne à Lyon, sa ville natale, un concert au
pied de la colline de Fourvière en l'honneur de la visite du Pape
Jean-Paul II. 800 000 Lyonnais assistent à l'événement.
Ce concert aux dimensions gigantesques et à l'ambiance exaltée
ravive la popularité de Jean-Michel en France et lui donne définitivement
l'image d'un créateur de « méga-concerts »
En 1988, l'aventure continue avec le concert sans doute le plus difficile de la carrière de l'artiste : Destination Docklands, le concert à Londres. En septembre, l'album Révolutions vient évoquer toutes les révolutions, des révolutions politiques aux révolutions industrielles, sociales et culturelles. Une musique qui mêle les chants africains et les mélodies arabes au son du cristal, les synthétiseurs à la guitare Stratocaster ; de superbes enchevêtrements de séquences, de rythmes inédits et de chorus saisissants.
Le concert dans le quartier des docks de Londres finit par avoir lieu, après des négociations interminables et des conditions météorologiques désastreuses, en deux parties, les 8 et 9 octobre. Le décor et la situation sont apocalyptiques : la barge soutenant la scène bouge sur des vagues de deux mètres de creux, la pluie et les vents fouettent les visages, les doigts glissent sur les claviers, les synthés grillent sur scène, les choristes sont vêtus de gilets de sauvetage juste au cas où et Jean-Michel échappe de peu à l'électrocution sur scène... Malgré ces difficultés, le concert remporte un franc succès. Les Anglais, enthousiastes jusqu'au bout, ont adoré.
1989 : Jean-Michel n'est pas autorisé à donner un concert le 14 juillet pour le bicentenaire de la révolution française ; il se rattrapera l'année suivante... Le 13 mai 89, en tout cas, il joue London Kid au Trocadéro à l'occasion de la célébration du centenaire de la Tour Eiffel. Il publie ensuite Concert d'Images, un livre qui raconte ses précédents concerts et qui accompagne une exposition à Paris sur le même sujet.
1990 est l'année d'En Attendant Cousteau. Enregistré en partie dans l'île de Trinidad, cet album s'articule autour du thème de l'écologie. Jean-Michel y alterne des musiques très rythmées, avec l'utilisation de steel–drums, comme son « calypso » qui prouve que les sons du synthétiseur s'accommodent très bien des rythmes exotiques, et des morceaux plus lents, plus méditatifs. La dernière partie dure une cinquantaine de minutes, c'est une musique de l'infini, un univers sonore qui évolue au rythme de la nature.
Le 14 juillet, retour à Paris où cette fois-ci Jean-Michel et son équipe investissent le site de La Défense, pour un concert inimaginable qui attire 2 millions et demi de spectateurs, principalement répartis sur le Pont de Neuilly et l'Avenue de la Grande Armée. Les tours servent d'écrans géants et les lasers valsent sur une scène pyramidale. Jarre déploie une illumination complète du site, des embrasements pyrotechniques inégalés, une mise en scène des plus soignées avec l'intervention de nombreux éléments comme les marionnettes géantes de l'île de Trinidad. Ce concert comptera toujours parmi ses créations les plus grandioses et les plus réussies.
1991 sera l'année de la déception. Le projet de concert sur le site de Teotihuacan près de Mexico est annulé quelques jours avant la date prévue. Le concert devait avoir lieu à l'occasion de l'éclipse du soleil le 11 juillet. Des difficultés techniques et principalement le naufrage du bateau transportant le matériel auront raison de ce projet...
Le 25 septembre 1992,
Jarre organise un spectacle assez particulier à Zermatt, dans les
Alpes suisses. Il s'agit de l'événement de clôture
de « Swatch the World » pour célébrer
la cent millionième montre Swatch vendue. Pour la première
fois, Jean-Michel abandonne les milieux urbains pour une vallée
où les montagnes servent d'écrans géants. Il ne s'agit
pas d'un concert car aucune musique n'est jouée en direct. Par contre,
Jarre en profite pour expérimenter de nouvelles techniques visuelles.
Puis, les 1, 2 et 3 décembre, il propose un spectacle d'ordre similaire
en Afrique du Sud, « The Legends of the Lost City ».
En 1993 sort Chronologie, un album en 8 parties sur le thème du temps. Jean-Michel y réutilise plus abondamment les synthétiseurs analogiques des années 70. C'est une œuvre complexe, riche, solide, brillante et inspirée. Cet album marquera le thème principal d'un événement dans la carrière de l'artiste : pour la première fois, Jean-Michel part en tournée européenne. « Europe en concert », poussé par une armada de 200 personnes, sillonne les routes d'Europe, du Mont Saint-Michel à Séville, en passant par Londres, Bruxelles, Versailles et Saint Jacques de Compostelle. Le cadre de la tournée et une ville imaginaire de 150 mètres de long, composée de 12 écrans de 6 à 25 mètres de haut. Ces concerts, tout en superlatifs sont très bien accueillis par le public et la presse européenne. Pour l'anecdote, David Jarre profita du concert à Bruxelles pour souhaiter un Joyeux Anniversaire à son père, devant 750 000 personnes.
Cette année-là, Jean-Michel est nommé ambassadeur de bonne volonté par l'UNESCO, et devra réaliser différents concerts en 1995, à l'occasion de l'année de la Tolérance. En attendant, il cherche à étendre la tournée « Europe en Concert ». Cette idée n'aboutira qu'à un unique concert, à Hong Kong en mars 1994, en forme de retrouvailles musicales avec les Chinois.
Le 14 juillet 1995
a lieu, au pied de la Tour Eiffel, le Concert pour la Tolérance.
Jean Michel Jarre met tout son art au service de la noble cause. Il en
résulte un concert riche en symboles, fait de couleurs, d'images,
de sons et d'émotions fortes pour les 1 200 000 spectateurs présents
sur le Champs de Mars et ses alentours. Une grande réussite artistique
et humaine qui trouve ensuite son prolongement sur Internet : c'est l'Espace
pour la Tolérance (www.culture.fr/jarre).
Jean-Michel profite ensuite de 1996 pour composer un album de retour aux sources, avec l'attitude qu'il avait eu pour faire Oxygène vingt ans avant. Cet album sort finalement en 1997 sous le titre Oxygène 7-13, comme une suite au premier Oxygène. On y retrouve le son « Jarre » d'origine et l'ambiance si particulière des six premières parties de l'album. Mais il ne s'agit pas d'une simple reprise de vieux tubes car cet album est un prétexte à la poursuite de l'exploration que Jean Michel Jarre avait entamée dans les années 70.
Et alors que les grands concerts dans les stades sont devenus monnaie courante, Jean-Michel décide d'investir de petites salles avec ses synthétiseurs analogiques pour créer une relation plus intime avec son public. Ce sera la tournée Oxygène Tour qui traversera l'Europe. Mais, il n'en oublie pas pour autant les « méga-concerts » et en réalise un le 6 septembre à Moscou pour les 850 ans de la ville. Ce spectacle, réalisé en plein milieu de la tournée, en reprend les idées pour les transposer de manière éblouissante à l'échelle de la colossale Université de Moscou, devant 3,5 millions de spectateurs en délire...
1998 est l'année de la Coupe du Monde de football en France et Jean-Michel s'investit en produisant deux morceaux en collaboration avec le groupe anglais Appolo 440 et le japonais Tetsuya Komuro. De plus, il sort Odyssey through O2, un album de remixes d'Oxygène 7-13 réalisé par des artistes techno d'horizons diverses. Cet album est accompagné du logiciel JArKaos qui permet à chacun de réaliser ses propres clips vidéos en réagissant de manière interactive avec la musique. C'est une première.
Pour célébrer la Coupe du Monde, il organise aussi, le 14 juillet sur le Champs de Mars à Paris, la Nuit Electronique,
un concert qui fait la part belle aux artistes techno et pendant lequel
Jean-Michel utilise JArKaos pour jouer des images en direct. En
septembre, il emploiera une nouvelle fois ce procédé lors
de l'iMac Night à Apple Expo, un concert expérimental
pour lequel les images projetées seront visibles en trois dimensions
par les quelques milliers de spectateurs équipés de lunettes
polarisantes.
En 1999, Jean Michel réalise un concert aux Pyramides de Gizeh en Egypte pour célébrer le passage à l'an 2000 et le septième millénaire de civilisation égyptienne. Ce concert, "Les douze rêves du soleil" est millimétré pour que le décompte ait lieu à l'heure exacte de la bascule entre 1999 et 2000. Il est retransmis à la télévision et, nouveauté, sur Internet. Les festivités se déroulent sur deux jours : une autour de minuit, et une autre le lendemain, 1er janvier 2000, pour le lever du soleil, avec la participation d'un orchestre arabe et de Gary Willis, le batteur de Pink Floyd. Les projections géantes pévues sur les pyramides sont quasiment invisibles à cause d'unépais brouillard. Cette fête suivie par 115.000 spectateurs, dont le président égyptien, permet aussi de découvrir de larges extraits de son nouvel album, Métamorphoses, publié fin janvier 2000. Il a la particularité d'être majoritairement axé sur des chansons avec de nombreuses voix féminines, dont celle, familière de Laurie Anderson, avec qui il avait déjà travaillé pour Zoolook. L'album est co-produit par Joachim Garraud et réalisé sur Protools, ce qui lui donne un son résolument plus moderne que son disque précédent. Le lancement de cet album se fait lors d'une soirée de prestige sur les Champs-Elysées, avec la présence de Deirdre Dubois, Natacha Atlas et la violoniste Sharon Corr qui ont participé au disque. Les deux singles choisis pour accompagner la sortie de l'album sont "C'est la vie" et "Tout est bleu".
Le 1er janvier 2001, pour le premier jour du nouveau millénaire (au sens strict du calendrier) Jarre donne un concert parrainé par son ami l'écrivain Arthur C. Clarke sur la baie d'Okinawa aux côtés de Testsuya Komoro, le producteur japonais avec lequel il avait déjà collaboré en 1998 sur des projets lies à la Coupe du Monde. Sont présentés plusieurs nouveaux morceaux tous reliés à des réflexions de l'auteur de 2001, l'Odyssée de l'espace, qui apparait en vidéo pendant le concert. L’amitié entre le compositeur et l’écrivain est née après que Jarre ait découvert son nom dans les remerciements de l’auteur au dos de son livre “2010”. Ce concert est l’aboutissement de l’idée de réaliser un projet commun. Puis en juin 2001, il donne deux concerts en Grèce au pied de l'Acropole au profit des enfants malades (Association ELPIDA). A cette occasion, un inédit est composé : Acropolis. L’idée d’avoir Vangelis en “guest star” est abandonée du fait d’une incompatibilite de calendrier.
En Avril 2002, Jarre livre, avec Francis Rimbert, un concert très intimiste dans le cadre du Printemps de Bourges où il donne un show-case électro-acoustique (avec une ré-interprétation de la partition d'AOR) dans l'enceinte prestigieuse du Palais Jacques Cœur. Très peu de personnes peuvent s'infiltrer dans ce lieu. Un album de cette prestation sortira un peu plus tard, mais uniquement disponible en téléchargement.
Jarre présente un projet particulier en relation avec l'énergie éolienne le 7 septembre 2002 : il s'agit d'"Aero, a tribute to the wind". Pour présenter cette énergie propre, une partie de la puissance électrique nécessaire pour le spectacle est fournie par les éoliennes au milieu desquelles Jarre donne son concert. L’idée de réaliser les projections sur des voiles est abandonnee au profit d’un simple écran rectangulaire derrière la scene. Pour cette prestation, Jarre et Francis Rimbert sont seuls sur scène, rejoints en fin de concert par les percussionnistes du groupe Safri Duo. Le concert se passe sous un véritable déluge, transformant le champ d'éoliennes en boue épaisse. En novembre 2002, une surprise de taille attend les fans de Jean Michel Jarre avec la sortie de Sessions 2000, un disque qui déroute nombre d’entre eux par son ambiance jazz / lounge et dont les pistes correspondent à certains jours de l'année, un pour chaque “session”. Ce sera le dernier album studio de Jarre sous les couleurs de Francis Dreyfus Music, après presque trente ans de collaboration.
A la demande de Jean Roch, le directeur de la boite de nuit le VIP Room, le lyonnais réalise en 2003 une bande son ambient qui est le support d'une soirée privée, disque connu sous le nom de Geometry of Love, qui sort chez Warner, sa nouvelle maison de disques. A cette époque, le couple que Jarre va former avec Anne Parillaud (qui deviendra sa femme ultérieurement) sera à la une des journaux, aprè,s une liaison particulièrement médiatisée avec Isabelle Adjani.
Jean Michel est de nouveau au centre des attentions en 2004 avec son album Aero qui sera un succès. Au-delà de la version CD traditionnelle, il contient un DVD musical qui exploite le son multicanal de votre installation audio dans ses moindre recoins. Aero ré-interprète quelques-uns des plus grands succès de l'artiste, avec trois inédits et des transitions entre chaque morceau, qui font que son écoute peut se faire en continu.
Ces nouveaux arrangements et cette technologie 5.1. sont exploités au maximum lors du concert que Jarre donne devant la Cité Interdite dans le cadre des célébrations d’ouverture de l'année de la France en Chine. Pour son retour en Chine, Jarre manie les symboles et s'invite dans deux lieux emblématiques, la porte de la Cité Interdite et la Place Tian'anmen, qu’il rejoint en fin de concert par un passage qu’il est le premier à franchir (en side car) depuis le Dernier Empereur. Le concert est retransmis à la télévision chinoise devant des millions de spectateurs. Il joue avec des musiciens chinois traditionnels, un orchestre symphonique et des dissidents chinois. C'est aussi à cette époque que l'on voit pour la première fois sur scène Claude Samard, que Jarre a désigné comme directeur musical. Patrick Rondat est également sollicité pour jouer sur deux titres. Le concert est édité en DVD certifié THX.
En Avril 2005, JMJ participe a une soirée en l’hommage rendu à Hans Christian Andersen au Danemark en interprétant Rendez-Vous 2. En Août 2005, à l'invitation de Solidarnosc, qui fête son 25ème anniversaire, Jarre donne un concert-fleuve dans les docks de Gdansk devant 250.000 spectateurs. Il entre sur scène aux côtés d'ouvriers du chantier naval, et accueille Lech Walesa au milieu du concert. Cette superproduction se déroule dans la ferveur de plusieurs centaines de milliers de personnes. Moment très émouvant de ce concert, l'hommage à Jean-Paul II, décédé un peu plus tôt, et dont des images géantes sont projetées pendant que Jarre interprète une nouvelle version d'Akropolis. Un DVD retraçant le concert est édité, ainsi qu’un CD publié en Pologne.
Le 16 décembre 2006, Jarre reprend sa casquette d'ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO pour un concert au Maroc sur la pénurie d'eau dans le Monde. Un concert au milieu des dunes, devant 25.000 spectateurs, est organisé dans la localité de Merzouga. Le concert est retransmis en direct sur une des grandes chaines marocaines, et il est agrémenté de feux d'artifices. Des projections sont réalisées sur des écrans géants, à la manière d’Europe en Concert, disposés sur les dunes.
Après une longue attente des fans, marquée par l'impasse sur un album inspiré par Saint-Exupéry, Jarre prend tout le monde à contre-pied en mars 2007, en proposant un album résolument “dance”, coréalisé avec Joachim Garraud et Tim Hufning. Il s'agit de Téo & Téa. Tout le long de l'été de promotion de cet album, Jarre se produit dans plusieurs boites de nuit, y compris à Cannes et au Queen à Paris.
En novembre 2007, Jarre signe chez EMI, et retrouve son ancien complice Dominique Perrier qui rejoint Rimbert et Samard pour jouer à "quatre mains" une version live in extenso et sans ordinateur d'Oxygène. Celle-ci est agrémentée de nouvelles transitions entre les différentes parties, appelées Variations (I, II, III). L'enregistrement de cette prestation s'effectue dans les studios Alphacam en Belgique dans les conditions du direct. Sur scène, Jarre et ses trois musiciens sont entourés d'une collection impressionnante de synthétiseurs analogiques de première génération tel un ARP et un Moog modulaire. Parallèlement, l'album Oxygène est ré-enregistré en version 5.1. pour donner matière à un DVD en relief, "Oxygène live in your living room", incluant des lunettes polarisantes.
En guise de promotion de ce coffret CD (Oxygène en haute qualité) et DVD, Jarre annonce contre toute attente une série de concerts au théâtre Marigny de son ami Robert Hossein pour décembre 2007. Il y joue l'intégrale d'Oxygène comme sur le DVD dans une atmosphère de concert minimaliste (pas de lasers, une simple introduction avant d'attaquer la musique), comme un opéra dont les synthétiseurs sont les vedettes subtilement éclairées de couleurs fluo. Au cours de ces représentations, il n'est pas rare que Jarre et ses instrumentistes connaissent des problèmes techniques sur ces vieilles machines capricieuses, ce qui rend chaque concert risqué malgré un format imposé. Lors de l’une des dix dates, Nicolas Hulot est invité sur scène.
Le succès de ces représentations incite le promoteur de Jarre à lancer une tournée européenne avec ce même concept, qu'on pourrait appeler Oxygène Tour 2008, avec les trois mêmes accompagnateurs que l'année précédente (Rimbert, Perrier, Samard). En juin 2008, Jarre visite l’observatoire des Iles Canaries pour un projet de concert avec Brian May, le guitariste de Queen, sur le thème de l’astronomie, mais ce projet sera finalement abandonné. En Octobre, il annonce la naissance de sa société Jarre Technologies destinée à concevoir des produits high tech.
L'année suivante, Jarre encouragé par le succès de ces concerts, continue de se produire en salle avec un projet qui s'appelle "In-doors", où il réinterprète ses classiques. Le 29 mars 2009, son père, le compositeur Maurice Jarre, s’éteint a Los Angeles.
En 2010, il poursuit cette tournée rebaptisée 2010, en hommage à Arthur C. Clarke,. Il annonce qu’elle est prévue jusqu'en 2011, et qu’elle sera cette fois-ci mondiale, laissant espérer un passage prochain dans certains pays délaissés jusqu'ici. A partir de mai 2010, le claviériste Jérôme Gueguen remplace Dominique Perrier dans l'équipe de musiciens. La tournée marathon en salles s’offre quelques sorties en extérieur &agrev; Thessalonique, Istanbul, Saint Jacques de Compostelle, Olso et Beyrouth. Sa mère, France Pejot, disparait le 21 avril. En juin 2010, Jean-Michel Jarre reçoit le prix " Lifetime Achievement Award" du magazine britannique MOJO.
Le 1er juillet 2011, un concert géant gratuit est donné sur le Pont Hercule de Monaco en célébration du mariage d'Albert II de Monaco et de Charlène Wittstock devant 80.000 personnes. Quelques mois plus tard, Sony Music sort la compilation "Essential and Rarities", un double album qui contient l'inédit "Hapiness is a sad song", un des premiers morceaux composés par Jean-Michel, en 1969 au GRM.
En 2012, Jarre présente une installation multimédia intitulée "Gone" à l'Hotel de Ville de Lyon, l'occasion de faire la démonstration de sa nouvelle marque de hi-fi Jarre Technologies. Il prête sa musique à son ancienne épouse Charlotte Rampling pour une exposition photographique à la Maison de la photographie à Paris et à Lille.
Nouveaux titres honorifiques en 2013. En mai, Jarre devient deuxième ambassadeur de la musique électronique lors de l’Ibiza International Music Summit, après Nile Rodgers. En juin, Jarre est élu président de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (CISAC), qui regroupe les intérêts des créateurs toutes disciplines confondues (musiciens, photographes, plasticiens…). Plus qu'un simple titre, ce rôle actif le fait voyager à travers le monde pour donner des conférences engagées sur le thème des droits d'auteurs et la juste rétribution des artistes face aux géants d'Internet. Ce qui ne l'empêche pas de se produire le 12 août, dans l'amphithéâtre romain de Carthage, en Tunisie. Le 20 décembre, il donne un concert privé pour l'ouverture du village olympique à Sochi en Russie.
En 2015, Jarre dévoile un projet de longue haleine, puisqu'il y a consacré 4 ans de sa vie : "Electronica" est un double album d'une trentaine de collaborations. Le premier volet, sorti le 16 octobre 2015, est intitulé "A time machine" (avec notamment Air, Moby et Armin van Buuren). Un documentaire diffusé sur Arte, "Jean Michel Jarre, a journey into sound", revient sur certaines de ses collaborations de Los Angeles à Paris. Le second volet d'Electronica, "The Heart of Noise" sort le 6 mai 2016 (avec Rone, Hans Zimmer et les Pet Shop Boys, entre autres). Sa nouvelle tournée, intitulée Electronica Word Tour débute par une série de festivals, avant de reprendre avec un format étendu à l'automne dans des dizaines de pays d'Europe.
La surprise des fans est totale quand Jarre annonce le 30 septembre 2016 sur Facebook la suite d'Oxygène, quarante ans jour pour jour après la sortie d'Oxygène en 1976, le 2 décembre 2016. Jarre a tenu à enregistrer l'album dans un temps limité (6 semaines) avec peu de pistes comme dans les années soixante-dix, et avec tous les instruments de l'époque complétés de plug-ins et synthétiseurs de plusieurs générations. La pochette de l'album reprend le visuel d'origine de Michel Granger numérisé en 3D. Les 7 titres de l'album numérotés de 14 à 20 prennent la suite de ceux d'"Oxygène 7-13" sorti 20 ans plus tôt. La partie 17 est jouée pour la première fois à Cardiff le 4 octobre 2016 lors de la tournée Electronica.
A suivre...